dimanche 12 octobre 2014

J'ai essayé...

J'ai essayé, j'ai tenté ces dernières semaines de ne pas compter... ne pas compter mes cuillères, vivre, comme vous, faire ce que j'ai à faire, ne pas écouter les contractures, les migraines, les défaillances...

Je vous assure que j'ai essayé. J'ai même fait mes vitres, j'ai pris le train, le tram, le métro, je suis allée en ville, je me suis levée tous les matins pour préparer mes enfants et les emmener à l'école, j'ai travaillé, je ne suis occupé du linge, fait la vaisselle, fait à manger... Les choses normales qu'une mère fait chaque jour...

J'ai essayé, et j'ai réussi... J'ai réussi, à quel prix ?


J'ai épuisé mon stock de cuillères, j'ai vécu à crédit, j'ai tapé sans compter dans les cuillères des jours et des semaines à venir, j'ai vécu en illimité... et puis l'huis-sed est venu cogner à ma porte, ma dette, j'ai dû la payer...

J'ai d'abord refusé. Alors il m'a condamné. En premier lieu des contractures, des luxations, des migraines... passent encore. Et puis il frappé plus fort, paragraphie, paraphasie, tremblements... Et enfin pour que je cède, le sed m'a réveillé la nuit. Quand la douleur te pique juste assez pour t'éveiller, mais que la fatigue est trop lourde pour te lever... tu deviens une dentellière du sommeil, incapable de te soulager, incapable de t'endormir profondément, et le lendemain devient le cauchemar de ta nuit en points-tillés.


Morphine, quand tu es ma dernière chance de salut, ma seule possibilité de dormir et de ne plus souffrir... Pour quelques heures, être juste sans douleur. Les yeux fermés, sonder chaque recoin de mon corps et ne trouver aucune trace de souffrance. Pouvoir alors laisser vaguer l'esprit et m'assoupir sans soupir. Dormir, sans retenu, me régénérer en partie. Que c'est bon de ne plus avoir mal, de se sentir "normale".

Morphine, cependant tu n'es pas ma copine. Tes effets secondaires me rebutent, mieux qu'une cuite, une journée durant je vais te cuver, et faut-il que je sois à bout pour me décider à t'avaler...

Morphine, tu n'es qu'un leurre. Celui de la normalité, celui de l'immunité. Dans ma réalité, point d'analgésie, point de répit. La souffrance est une plaie béante par laquelle s'écoule chaque jour un peu plus d'énergie, j'ai beau la panser par la pensée, j'ai beau la cacher derrière un sourire, un peu de gaité, un jour, elle me laissera exsangue.


Combien de temps pourrais-je continuer à faire semblant ?




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